Extraits de la déclaration commune du PCF, du Parti du Travail de Belgique, du PC portugais et du PC d'Espagne, fruit du travail de la commission nationale Énergie. Après avoir formulé une analyse critique de la situation énergétique, le texte avance les propositions suivantes :
Compte tenu de l’impact négatif des prix élevés de l’énergie sur la classe du travail et de la nécessité urgente de faire face aux crises énergétique et écologique, l’intervention publique directe des États devient impérative. Notre objectif est que l’ensemble du secteur de l’énergie, y compris la propriété, l’exploitation et la planification, appartienne aux peuples, facilitant ainsi une transition énergétique juste et démocratique basée sur les besoins des personnes plutôt que sur les intérêts du capital.
1. Contrôle démocratique et souveraineté populaire.
Nous devons reprendre le contrôle public du secteur de l’énergie pour le peuple. Notre ambition est celle d’une société capable d’exercer un contrôle démocratique sur l’économie. Le débat sur le secteur de l’électricité doit passer d’une discussion technologique, remplie de concepts techniques complexes, à la propriété publique des actifs et à la souveraineté de l’État pour décider de son mix électrique et de la manière de traduire les coûts énergétiques en prix de l’énergie en fonction des besoins de la population. La planification et le contrôle public sont essentiels : chaque État devrait être en mesure de décider de son bouquet énergétique dès lors que les engagements de réduction des émissions de GES sont respectés.
2. Coopération, solidarité et internationalisme.
Reconnaissant la nature globale de la lutte contre l’exploitation capitaliste, nous préconisons des alliances fondées sur la coopération plutôt que sur la concurrence. Les directives de l’UE sur la libéralisation du secteur devraient être révisées en profondeur afin de s’assurer que le système électrique répond de manière adéquate aux besoins de la population et fonctionne sur le principe de la collaboration plutôt que de la concurrence. En outre, il est impératif de s’attaquer aux pratiques néocoloniales dans le cadre des politiques de l’UE.
Plus précisément, l’utilisation des ressources du Sud doit être subordonnée au respect de la souveraineté des populations de ces régions. Cela inclut la reconnaissance du concept de dette climatique, qui reconnaît la responsabilité historique des nations développées dans les émissions de carbone disproportionnées qui ont contribué au changement climatique.
3. Une transition énergétique équitable.
La définition de l’utilisation des ressources doit donner la priorité aux besoins des personnes plutôt qu’à la reproduction du capital, ce qui est impératif pour lutter contre la crise écologique.
La reconnaissance de la nature limitée des combustibles fossiles et des matières premières, ainsi que du lien entre les émissions de CO2 et leur extraction, est cruciale pour faire face à l’urgence climatique.
Toute proposition de transition énergétique qui ignore l’insoutenabilité de l’anarchie capitaliste marchande non planifiée, qui repose largement sur la consommation de ces ressources finies, nie la réalité matérielle à laquelle nous sommes confrontés. Il ne suffit pas d’électrifier la consommation d’énergie sans s’attaquer aux modèles de consommation et de production sous-jacents et sans donner la priorité aux solutions collectives plutôt qu’aux solutions individuelles. S’il est essentiel d’accroître les efforts et la coopération en matière de R&D, nous devons aller au-delà de l’hypothèse selon laquelle des technologies immatures résoudront la crise de l’énergie.
En conclusion, en tant que partis de la classe du travail, nous reconnaissons le rôle de la communauté scientifique dans l’exposition de la menace existentielle du changement climatique. Il nous incombe de mobiliser les masses et de reprendre le contrôle populaire de l’énergie dans la poursuite d’une transition énergétique juste. Grâce à l’action collective et à la coopération, nous pouvons surmonter les intérêts capitalistes et ouvrir la voie à un monde plus équitable et durable.
Unissons nos forces pour construire un avenir énergétique qui donne la priorité aux personnes et à la planète plutôt qu’aux profits.
Article publié dans CommunisteS, n°995, 9 mai 2024.